IV - Two Landscapes
II.
A corpse demands a drink
The water once thought is not in the well
But who will tell the corpse
The fountain says My waves are not for him
Yet all his servants are in motion
Each with her ewer each to her source
To appease the thirst of their master
A corpse who demands a drink.
This one picks in the night garden
The sweet pollen that dampens the flowers
In the lingering heat
of the enclosing evening
She arranges this flesh before him
But the corpse is still thirsty and demands a drink
That one picks in silver moonlit fields
Corollas closed against the late-night chill
She plumps them into a bouquet
A soft heaviness honeyed to the taste
And fussily offers it to her master
But the corpse is thirsty and demands a drink
Then the third and first of the three sisters
Busies herself in the fields
While the bright menace of dawn
Springs up in the eastern sky
In the net of her golden apron
She gathers shining drops of morning dew
Fills a cup and offers it to her master
But he is still thirsty and demands a drink
Then the morning appears in its glory
Showering light over the valley like a storm
And the corpse is shattered
Pierced by the rays like mist
He evaporates and passes
And even his memory leaves the earth.
---
Hector de Saint-Denys Garneau
translated by George J. Dance
[All rights reserved by the translator - used with permission]
II.
Un mort demande à boire
Le puits n'a plus tant d'eau qu'on le croirait
Qui portera réponse au mort
La fontaine dit mon onde n'est pas pour lui.
Or voilà toutes ses servantes en branle
Chacune avec un vase à chacune sa source
Pour apaiser la soif du maître
Un mort qui demande à boire.
Celle-ci cueille au fond du jardin nocturne
Le pollen suave qui sourd des fleurs
Dans la chaleur qui s'attarde
à l'enveloppement de la nuit
Elle développe cette chair devant lui
Mais le mort a soif encore et demande à boire
Celle-là cueille par l'argent des prés lunaires
Les corolles que ferma la fraîcheur du soir
Elle en fait un bouquet bien gonflé
Une tendre lourdeur fraîche à la bouche
Et s'empresse au maître pour l'offrir
Mais le mort a soif et demande à boire
Alors la troisième et première des trois soeurs
S'empresse elle aussi dans les champs
Pendant que surgit au ciel d'orient
La claire menace de l'aurore
Elle ramasse au filet de son tablier d'or
Les gouttes lumineuses de la rosée matinale
En emplit une coupe et l'offre au maître
Mais il a soif encore et demande à boire.
Alors le matin paraît dans sa gloire
Et répand comme un vent la lumière sur la vallée
Et le mort pulvérisé
Le mort percé de rayons comme une brume
S'évapore et meurt
Et son souvenir même a quitté la terre.
---
Hector de Saint-Denys Garneau (1912-1943)
de Regards et Jeux dans L'espace, 1937
[Poem is in the public domain in Canada and the European Union]
Hector de Saint-Denys Garneau biography
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